4 MIN. 54 : Mort du phénomène Fourniret
Au lendemain de la mort du tueur en série Michel Fourniret, et face à l'accroissement de l'engouement français pour les faits divers, tentons, en 4 minutes 54, de comprendre qui fut « l'ogre de Ardennes ».

Naissance d'un monstre
Michel Fourniret nait le 4 avril 1942 dans les Ardennes. Dès son plus jeune âge, Fourniret subit le caractère de sa mère, femme sévère et colérique, qui abusa de lui à ses 4 ans. Il la comparera même à l'humiliante mère de François, dans le roman Poil de Carotte, ou à Folcoche, tyrannique figure maternelle du roman Vipère au poing. Son père est absent, et alcoolique. Un environnement instable aussi bien que déroutant pour un si jeune enfant.
L'orage avant la tempête
Fourniret est incarcéré une première fois en 1967 pour agression sur mineure et effectue une peine de prison, dont il ressortira avant 1970. Entre 1970 et 1973, il est condamné pour des faits de voyeurisme et de violence, et retourne même en prison en 1984 pour une dizaine de viols sur mineures. C'est durant cette condamnation qu'il rencontre sa principale alliée, Monique Olivier, suite à une petite annonce, alors que le violeur recherche une femme pour entretenir une correspondance.
Le lieu idéal
En 1988, alors que Fourniret est sorti de prison et vit avec sa femme de petits travails au noir, il entre en contact avec l'épouse d'un ex voisin de cellule, Jean-Pierre Hellegouarch (condamné pour braquage à main armée). Celle-ci clame son aide pour récupérer un trésor, dont le transfert avec un collègue de son mari doit être fait d'ici quelques jours. Manque de chance pour l'épouse, lorsque Fourniret comprend qu'il s'agit ici d'un magot d'or, il tue la femme, faisant disparaitre son corps. Ainsi, grâce à cet argent, le tueur achètera son tristement célèbre château du Sautou, isolé et entouré d'une forée dense.
Stupéfactions
Le 26 juin 2003 sonne la fin des meurtres et des viols pour Fourniret. Alors que le tueur prévoit de faire une victime de plus, qu'il a enlevée sur le chemin de l'école, sa jeune détenue réussit à ouvrir la porte de la fourgonnette blanche, et trouve de l'aide auprès d'une automobiliste, qui s'empresse de noter la plaque du véhicule de Fourniret. Quelques heures plus tard, il est arrêté par la police. Quel n'est pas l'effroi des gendarmes lorsqu'ils découvrent, en juillet 2006, le corps, violé et tué, d'Isabelle Laville, 17 ans, au fond d'un puit indiqué par le tueur lui-même. S'en suivra une liste longue, et aujourd'hui encore inachevée, de victimes désignées par le tueur lui-même ou dénoncées par sa femme, parmi lesquelles
Marie-Angèle Domèce (19 ans), Fabienne Leroy (20 ans), Jeanne-Marie Desramault (22 ans), Élisabeth Brichet (12 ans), Joanna Parrish (20 ans), Natacha Danais, (13 ans), Céline Saison (18 ans), Mananya Thumpong (13 ans), Estelle Mouzin (9 ans)
Toutes furent enlevées, violées, tuées ; et c'est avec un ton presque condescendant que le tueur révéla les emplacements des cadavres (dont une grande partie dans les bois autour du château du Sautou). Fourniret est reconnu responsable de ses actes, sa personnalité décrite comme égotique, et n'ayant aucune peine à l'égard de ses victimes. Et ce n'est, selon les enquêteurs et les aveux du tueur, que le début de la découverte des cadavres, car la police s'inquiète de la « période blanche » de Fourniret, entre 1990 et 2000, durant laquelle aucun meurtre n'a été pour l'instant reconnu.
Aujourd'hui encore, l'Ogre des Ardennes hante le bois autour du château du Sautou, et chaque habitant des environs reste terrifié à l'idée de voir surgir le tueur et sa fourgonnette. L'horreur au masculin a frappé la France et la Belgique, restant gravée sur les deux pays comme les entailles dans le marbre, pour l'éternité. Et bien que Fourniret soit aujourd'hui bel et bien mort, pour causes encore à définir, la flemme de l'espoir n'est pour autant pas encore éteinte pour les familles et la justice.
Pour en savoir plus :
(Quelques ouvrages sur le sujet)
Face à Fourniret, de Gilles Latapie aux éditions Michel Lafont
Michel Fourniret, Monique Olivier, un couple diabolique, de Alain Hamon et Fabienne Ausserre aux éditions Anne Carrière
L'ogre des Ardennes. Les derniers secrets de Michel Fourniret, de Stéphane Bourgoin aux éditions Grasset
