CV - C'EST VOUS: Molière, ou Jean Baptiste Poquelin
C'est en une matinée étrangement froide que l'auteur de génie qu'est Jean Baptiste Poquelin, alias Molière, a accepté de nous ouvrir les portes du Théâtre du Palais royal. Monument majestueux rénové en 1661, le Théâtre du Palais royal est devenu la quasi résidence de la Troupe du Roy, troupe du prodige théâtral qu'est Molière. Entre rumeurs, conflits et censure, l'acteur-comédien s'est livré à notre petit interrogatoire.
Retour sur cet entretien.

Jean Baptiste Poquelin, vous êtes certainement le dramaturge le plus célèbre de tous les temps. Chaque année, ce sont près de 500 000 exemplaires de vos œuvres qui sont vendus. Comment expliquez-vous ce succès ?
JBP - Il semblerait que j'ai réussi à flatter, à toucher l'oreille de mon auditoire ! Je n'ai jamais fait que m'inspirer de mes contemporains, pour reproduire au plus près toute l'essence humaine. Peut-être se laissent-ils inconsciemment s'identifier à mes personnages, ou se reconnaissent-ils dans les défauts et les qualités que je dépeins. Et puis, de tous les divertissements, le jeu comique que j'ai mis en place dans mes œuvres, basé sur le mime et la joute verbale, a très probablement accéléré mon ascension dans le cœur de mes spectateurs.
Vous parlez de ressemblance, les quelques 372 personnages que compte votre œuvre ont été frappés de critiques plus que cinglantes. Pourquoi une si forte opposition ?
JBP - Il semblerait que je me sois affranchi, bien malgré moi je l'assure, des règles de la société (rires ironiques) ! Il est vrai que l'on m'a assigné l'immoralité pour L'Ecole des femmes, l'impiété pour Le Tartuffe... On l'a même faite interdire, Le Tartuffe ! Tout comme on a banalisé et censuré Dom Juan, en le mutilant de centaines de pages ! Les méprisants sont de toutes les espèces bien les pires ! Mais l'important étant que moi, je suis bien aise de mes écrits.
En parlant de Dom Juan, c'est après ce nouveau scandale que le Roi Soleil, Louis XIV, décide de vous placer sous son aile et de faire de vous l'un de ses divertissements favoris. Comment avez-vous vécu au contact de la Cour ?
JBP - La Cour m'a été ouverte, et je lui en suis fort reconnaissant, par notre bon Roi, Louis XIV. Et j'ai des privilèges le plus grand de tous : je peux assister chaque matin au lever du Roi. Le Roi m'ayant fait nommer valet de chambre tapissier du Roi, je fais son lit chaque matin, et j'entre ainsi en contact avec le tissu sacré qui enroule notre souverain dans son somme. Grâce à cela je peux étudier les courtisans, m'inspirer de leurs tocs pour mes écrits. Tout en veillant à ne pas paraître désobligeant ; car s'il est bien une dépravation qui ne saurait être pardonnée, c'est d'avoir fixé trop longtemps une des favorites du Roi.
Mais vous n'êtes pas pour autant le bouffon du roi ?
JBP - Si nous pouvons ici parler en toute sincérité, je ne crois pas, dans le fond, être un comique. J'en suis même intimement persuadé (car je ne peux prétendre être convaincu sans m'enorgueillir) : je ne suis pas un plaisantin ! Je ne joue pas avec mes personnages, je m'en sers comme d'un outil satirique. Mes œuvres ne sont pas pure folie ou simple divertissement ! Quel idiot qu'est celui qui s'imagine une telle aberration (rires) !
Vous l'avez déclaré la semaine dernière dans une interview pour Closer, vous sentez votre fin proche. Comment on la voit, la fin, quand on a tant écrit et imaginé la mort ?
JBP - La seule chose que vous saurez, c'est que quand mon heure sera venue, je ne flancherai pas face à la fin. Mais de toutes les morts, moi, je veux mourir sur scène.
A L'ATTENTION DU LECTEUR : ceci est une entrevue faussement vraie. Pour des raisons évidentes, nous n'avons pas pu réaliser cette interview en temps et en heure avec Jean Baptiste Poquelin. Hélas, celui-ci avait quelque chose d'autre de prévu, là haut, avec ses amis, Charles Dufresne et Madeleine Béjart
Rendons hommage à Molière, né il y a exactement 400 ans. JDW
